entre ciel et terre

{première lignes…}…  : "C'était en ces années où, probablement, nous étions encore vivants. Mois de mars, un monde blanc de neige, toutefois pas entièrement. Ici la blancheur n'est jamais absolue, peu importe combien les flocons se déversent, que le froid et le gel collent le ciel à la mer et que le frimas s'infiltre au plus profond du cœur où les rêves élisent domicile, jamais le blanc ne remporte la victoire."

Un roman acheté par hasard ou presque. Pour son titre, Entre ciel et terre, pour les quelques lignes lues au dos, pour la couverture, pour l'origine de son auteur -islandaise-, pour la petite bio : "Jon Kalman Stefanson, né à  Reykjavik en 1963, est poète, romancier et traducteur. Son œuvre a reçu les plus hautes distinctions littéraires de son pays, où il figure parmi les auteurs islandais actuels les plus importants."
Ce roman m'a littéralement envoûtée… Son histoire se situe à une époque indéterminée, sur un bout de terre islandaise hostile où les hommes sont pêcheurs de morue, vivent dans la misère et finissent soouvent emportés dans des flots glacials et déchaînés. Le Gamin, dont on ne saura jamais le prénom doit être âgé d'une quinzaine d'années. Orphelin, il n'a plus qu'une personne sur terre : son ami Babour, un jeune pêcheur épris de poésie. Les vers de Milton l'obsedent, son esprit est tout occupé à les retenir et Barour oublie sa vareuse un jour de sortie en mer…"mais les mots n'offrent malheureusement qu'un abri bien frêle face au vent venu du pôle qui transperce tout et s'immisce dans la chair et, dans ces moments-là, un vêtement de mer passablement étanche vaut mille fois tous les recueils de poésie du monde."
La mort de Barour dévaste le Gamin. A peine a t-il regagné la terre ferme, qu'il part, affrontant la nuit, le froid, la neige, le vent… vers le Village. Il veut rendre à Kolbeinn, le vieux capitaine aveugle, l'exemplaire du Paradis Perdu, de Milton qui a tué son ami…
C'est un roman d'une puissance incroyable, à l' écriture sublime. Poétique, philosophique, chaque phrase est d'une beauté saisissante. C'est un livre qui parle de solitude, de mort, de fraternité, des liens d'amour qui se font et se défont, qui interroge sur notre raison d'être vivant. Un véritable chef d'œuvre.

Entre ciel et terre, de Jon Kalman Stefansson (Gallimard), 2010 pour la traduction française, 21€.
traduction : Eric Boury





 {petit ajout du soir}:
*Camille qui a laissé un petit message plus bas avait fait un joli post sur ce roman, à retrouver LA. En parcourant ses posts de lectures, je vois qu'elle est comme moi une grande fan de la trilogie écossaise de  Peter May!
*J'ai vu aussi que le roman était au programme de lecture de Jenny ! c'est par ICI et l'occasion de découvrir ses travaux de couture.
*Enfin, en faisant quelques recherches, j'ai trouvé très belle la critique de Martine Laval, de Télérama, à lire ICI.
*partez en islande avec Elo, par là …
*ce qui m'a replongée dans notre périple islandais, en vidéo par là et en photos par ici. C'était en 2010 et complètement magique.