le quatrième mur

" Je suis tombé. Je me suis relevé. Je suis entré dans le garage, titubant entre les gravats. Les flammes, la fumée, la poussière, je recrachais le plâtre qui me brûlait la gorge. J'ai fermé les yeux, les mains sur les oreilles. J'ai heurté un muret, glissé sur des câbles. La moitié du plafond avait été arrachée par l'explosion."

Le quatrième mur est l'un des plus beaux livres que j'ai lu depuis longtemps. Ce genre de roman où l'on savoure chaque phrase tellement l'écriture est belle, où on revient même en arrière pour en relire certaines.  Une écriture superbe, mais pas gratuite. Elle sait créer une émotion intense. C'est un roman sur la guerre, son horreur et son absurdité. Un roman sur l'engagement. Sur le théâtre. Sur l'amitié et la loyauté. Sur la beauté de la vie quotidienne aussi. Les passages où le narrateur évoque sa fille, Louise, sont magnifiques. C'est un livre qui évoque le plus laid de l'humanité et le plus beau. Qui raconte l'histoire terrible d'un homme qui ayant approché ce pire, n'est plus capable de bonheur.
J'avais lu Retour à Killybegs (2011, Grand prix du roman de l'Académie française) que j'avais adoré et souvent offert ensuite. Ce Quatrième mur (Prix Goncourt des lycéens 2013) me confirme que Sorj Chalandon, journaliste au Canard Enchaîné, Prix Albert Londres en 1988 pour ses reportages dans Libé, est un grand écrivain. Les deux romans en question ont un commun de lier une histoire humaine poignante à l'Histoire. L'Irlande et l'IRA dans le premier, le Liban et sa guerre civile dans le deuxième.
Un très, très  beau cadeau à placer sous le sapin.

Le quatrième mur, de Sorj Chalandon, Grasset, 2013, 19 euros.