et pourquoi pas demain

11.7.13

avant d'aller à Venise…

"Le bout de champ n'avait pas grand-chose de remarquable : un hectare d'herbe roussie derrière un petit village, au pied des Dolomites, au bas d'une pente couverte d'arbres susceptibles de faire un bon combustible -le seul argument pour demander un certain prix du terrain et de la bâtisse vieille de deux cents ans qui s'élevait dessus, lorsque le tout avait été vendu."



Après un déjeuner italien à l'Enoteca, je poursuis ma préparation intensive à nos vacances italiennes avec la lecture d'un roman de Donna Leon. Cette romancière américaine vit à Venise depuis plus de trente ans. C'est dans cette ville qu'elle a installé son héros, le flic Brunetti, sa femme et ses deux enfants.
Noblesse oblige, acheté un peu au hasard dans une minuscule et géniale librairie d'occasion à Granville (près du marché, face à un étal de poissons!), est ma première rencontre avec les romans de Donna Leon. Peut-être n'ai je pas eu de chance, mais je n'ai été du tout convaincue par ce bouquin.

Le roman s'ouvre sur la découverte des restes d'un corps dans le jardin d'une maison récemment achetée par un médecin allemand, dans un village à plusieurs kilomètres de Venise. Vraisemblablement, il s'agit de Roberto, un garçon de 20 ans, fils du comte Lorenzoni, kidnappé deux ans plus tôt. Brunetti se penche sur cette histoire d'enlèvement jamais résolu. Et bizarrement, il n'a pas réussi à m'embarquer avec lui. L'auteur ne parvient pas à insuffler un rythme au roman et à un installer un suspens. Ces faiblesses ne sont pas compensées par l'écriture, qui n'a rien de remarquable. J'attendais  avec curiosité de découvrir la Venise de Donna Leone, une Venise différente, celle de ses habitants, puisque son héros y vit et y travaille. Mais la ville occupe un rôle assez secondaire et on peine à s'y projeter. Seule une scène dans une trattoria locale où Brunetti déjeune avec son beau-père nous en donne un vrai aperçu. Ce repas à La Bussola, à coté de San Leonardo est décrit avec assez de précision pour nous donner envie de vérifier que l'adresse existe bel et bien et pourquoi pas tester leur sarde in saor, latte di seppie (œufs de seiche), ou encore les spaghetti alle vongole ou le rombo. Les personnages se désolent de la transformation de Venise : "Je me rappelle encore le temps où, pour quelques milliers de lires, on pouvait faire un excellent repas dans n'importe quelle trattoria ou osteria de la ville. Du risotto, du poisson, une salade et du bon vin. Rien de compliqué, simplement de la bonne nourriture, celle que les propriétaires mangeaient probablement eux-mêmes. L'époque où Venise était encore une ville vivante, où elle possédait encore une industrie, des artisans. Aujourd'hui, nous n'avons plus que les touristes, et les plus riches sont habitués à ce genre de fantaisies. Si bien que pour les séduire, il faut des plats qui soient aussi flatteurs pour l'oeil." Mais malheureusement, ce type de réflexions est trop rare dans le roman. Il est quand même émaillé de quelques réflexions sur la corruption au sein du système politique et judiciaire italien et sur leurs dysfonctionnements. Mais ces remarques restent superficielles : l'auteur ne nous apprend rien de très nouveau et ne pousse pas très loin l'analyse.


Noblesse oblige, de Donna Leon, Points seuil.

4 commentaires:

  1. Les livres de Donna Leone le plaisent pourtant bien, même si l'intrigue n'est parfois pas assez structurée! Elle montre pourtant un visage de Venise qui nous échappe en tant que touristes! Et puis j'aime bien Brunetti et sa femme Paola, prof d'anglais a la fac, qui a une façon bien a elle de participer a l'atmosphère des romans. Bref, un moment agréable de lecture, tout en gardant en tête, qu'il y en a beaucoup (16 ou 17) dans cette série, pas toujours égale! Il y a aussi un livre de recettes vénitiennes ( Brunetti se met a table, je crois ) et un autre avec les allées et venues du commissaire dans la ville.
    Bonne journée!
    Catherine

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  2. Peut-être connaissez-vous "Seule Venise" de Claudie Gallay (qui est également l'auteur des Déferlantes, au succès mérité), sinon ce roman peut vous intéresser. Grâce à vous, j'ai découvert Peter May et l'île de Lewis, je me régale, merci! Et puisque vous connaissez la Birmanie, avez-vous lu "La cage aux lézards" de Karen Connelly? Bonne journée.
    alice

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  3. j'ai lu pas mal de donna leon avant d'aller à venise. Brunetti est un vénitien pur jus. Il ne supporte pas la terre ferme, les voitures, tout ce qui différencie la sérénissime des autres villes d'italie et d'ailleurs. Quand ses enquêtes le mènent trop près de la place saint marc, il sait qu'il devra s'en éloigner d'au moins 3 ou 4 ponts avant de dénicher une trattoria correcte. Quand il prend le temps de regarder le soleil sur les palais, il est toujours subjugué par la beauté de sa ville. Le matin, très tôt, il lui arrive de trouver le canal lisse comme un miroir, sans qu'aucun bateau n'ait troublé sa surface. s'il a du temps, et qu'il passe par l'arsenal, il ira voir la stèle si particulière de l'église san pietro del castillo. venise est enivrante et irrésistible, je le sais, et j'y retourne d'ailleurs en octobre. Donna leon a succombé à son charme et sème dans ses polars quelques pépites qui en atteste. Mais elle garde sans doute jalousement le meilleur pour elle au fond du coeur et de la rétine. c'est l'effet que fait venise, je le sais maintenant que j'y suis allée.

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  4. quel joli texte Gelinotte, merci!!
    Catherine et toi me m'avez fait comprendre que j'ai êut être jugé trop vite. Je vais laisser une deuxième chance à Donna Leon!! Lequel me conseilles-tu?

    Alice, je n'ai pas lu, "La cage aux lézards", mais je note!!

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