31.1.16
en janvier {2016}
En janvier, j'ai été bien occupée par la finalisation d'un projet sur lequel je travaille depuis plusieurs mois et que je suis impatiente de partager, mais je suis un peu superstitieuse et il me faut encore attendre encore quelques jours.
Du coup, pas beaucoup le temps de lire car j'ai passé l'essentiel de mes soirées devant mon ordinateur. Je ne vous parlerai que d'un seul roman, Vernon Subutex, de Virginie Despentes. J'avais des à-priori sur cette auteure à laquelle j'avais collé une étiquette d'auteure sulfureuse, provocatrice, mais Christophe et Philippe m'en ont parlé avec un enthousiasme fou. Ils m'ont prêté le premier tome de la trilogie. J'ai été scotché par son talent, la finesse de ses analyses et de ses personnages, sa sensibilité humaine et sociale.
Si Vernon Subutex (un disquaire au chômage qui se retrouve sans domicile) est le héros de ce roman, toute une série de personnages gravitent autour de lui. Sans boulot, sans logement, il va dormir chez les uns et chez les autres et retrouver ses vieux copains rockers qui ont chacun pris des directions différentes. L'auteure embarque donc le lecteur dans la peau de personnages extrêmement variés (milieux sociaux et culturels, sexes, situations familiales…) : trader, producteur, militant d'extrême droite, bobo, actrice de porno, sdf…. Et c'est passionnant.
Elle est d'une telle justesse quand elle se met dans leur peau qu'on a l'impression qu'elle a connu plusieurs vies ou qu'elle a passé des mois en immersion dans d'autres vies que la sienne… Ses personnages sont complexes, jamais manichéens. Même ceux qui nous apparaissent comme les plus antipathiques, elle fait l'effort de comprendre ce qui se passe et se joue dans leur tête. Elle ne condamne jamais totalement personne. Elle est dans l'analyse, l'empathie et la compréhension, pas dans le jugement. Virginie Despentes brasse un grand nombre de sujets de société en portant sur tous un regard hyper intelligent. Pour moi, et c'est assez rare dans la littérature française pour être relevé, le fond du livre c'est la misère sociale. Vernon Subutex est un roman qui rappelle et qui dit à longueur de pages ce que c'est que d'être pauvre et de n'avoir aucune perspective d'avenir. L'injustice de notre société qui condamne des individus à la misère et leur interdit de penser que cela pourra changer un jour. Elle montre tous les ravages collatéraux de ces misères individuelles qui tuent à petit feu.
Un roman qui m'a profondément chamboulée et dont les dernières pages sont d'une beauté incroyable.
Nelly Kaprielan, pour les Inrocks, parle du roman mieux que moi par ICI, un article suivi d'une interview passionnante de Virginie Despentes.
Je vais faire plus court pour le cinéma, mais quatre films m'ont beaucoup plu. Spotlight d'abord. Une mise en scène sobre pour un film passionnant qui revient sur l'enquête menée en 2001 par une équipe de journalistes du Boston Globe sur des prêtres pédophiles. Un travail journalistique couronnée par le prestigieux Prix Pulitzer. La question de la pédophilie au sein de l'Église reste un énorme problème (10% des prêtres seraient pédophiles) et on se réjouit que ce film donne une deuxième vie au travail de ces journalistes américains.
Carol est un film superbe, bouleversant. Le jeu de Cate Blanchett et de Rooney Mara est d'une précision et d'une délicatesse impressionnants. Voilà bien longtemps qu'une histoire d'amour au cinéma ne m'avait pas autant touchée.
Steve Jobs m'a beaucoup plu et pas seulement car j'ai un faible pour Michael Fassbinder. Je ne connaissais pas grand chose à l'histoire de Steve Jobs et j'ai trouvé que Danny Boyle en dressait un portrait très contrasté faisant apparaître son génie, son assurance, son ambition, sa dureté mais aussi ses failles (incroyable histoire que la sienne : abandonné/ adopté par un couple et "rendu" après un mois/ adopté par une nouvelle famille qui ne correspondait pas aux attentes de la mère biologique et donc procès d'un an. Année durant laquelle il a été compliqué pour les parents adoptifs de s'attacher à un enfant qu'on allait peut être leur retirer). Michael Fassbinder m'a impressionnée, comme à chaque fois. Et j'adore retrouver Kate Winslet, géniale aussi dans ce film.
Et je finis par le film le plus léger, Deadpool. Encore un film de super héros. C'est ce que je pensais, mais pas du tout. Celui-ci n'a rien à avoir. Il est à la fois beaucoup plus sombre, mais aussi et surtout beaucoup plus drôle. Un humour trash, du sexe, et un Ryan Reynolds en grande forme. Il incarne le personnage de Deadpool mais il est aussi l'un des producteurs et il lui a fallu onze ans pour parvenir à monter ce projet tel qu'il le souhaitait. Budget bien plus petit que les autres films du genre. Il y a la dose d'action nécessaire, mais ce sont les dialogues qui sont le plus savoureux. À voir avec ses ados de plus de 13ans.
Et enfin, j'ai bassiné mes amis avec ça, mais après avoir visité et passé une matinée dans leur usine j'ai eu un coup de cœur pour une marque de brosses à dents, Bioseptyl, la seule marque de brosses à dents 100% made in France (TOUS leurs produits sont fait en France) : manches en plastiques dans une usine du Perche et "empoilage" à l'usine de la Brosserie Française à Roubaix. Une vieille manufacture (crée en 1845), maintes fois rachetée, et sauvée in-extremis en 2012 par un entrepreneur français qui a fait rapatrier les machines délocalisées en Chine. Aujourd'hui, cette PME emploie 28 salariés, des ouvrier(e)s qualifiées. Elle favorise le circuit-court et a mis en place un système de vente direct via un site. Et même un système d'abonnement! On choisit la fréquence de son abonnement : tous les uns, deux ou trois mois. Et on reçoit sa brosse à dents (et celle de tous les membres de la famille abonnés) dans sa boîte à lettres. Frais de ports gratuits et brosses à dent de qualité!!! C'est moins cher qu'en supermarché ou en pharmacie. Aider une PME/favoriser le made in France/acheter de la qualité/ne pas dépenser plus (moins de 2€ la brosse)/zapper les distributeurs qui se font des marges dingues… pourquoi hésiter!? Et le dentifrice 100% produits naturel est super aussi…c'est par là que ça se passe : www.bioseptyl.fr.
Et voilà pour janvier!
Spotlight, de Tom MacCarthy, sorti le 27 janvier
Carol, de Todd Haynes, sorti le 13 janvier
Steve Jobs, de Danny Boyle, sorti le 3 février
Deadpool, de Tim Miller, sortie le 10 février
Vernon Subutex, tome 1, de Virginie Despentes (Grasset), paru en janvier 2015
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Encore de belles suggestions lectures/cinéma ; merci pour ce partage et bravo pour ton petit livre à toi! Nous avons fait Bruxelles l'année dernière, c'est une très chouette ville.
RépondreSupprimerGaëlle