et pourquoi pas demain

5.5.15

Le 101 -laboratoire d'images et fabrique de mots- {bordeaux}


















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      La première fois que nous sommes passés devant "le 101" c'était en janvier à l'occasion d'un week-end à bordeaux. On a stoppé net devant la superbe vitrine et essayé d'entrevoir en plissant les yeux les moindres recoins de ce mystérieux "laboratoire d'images et fabrique de mots"  : on a aperçu du beau mobilier, des photos et des affiches encadrées, de la papeterie aussi. Un mur en bois peint en bleu, un parquet gris à la scandinave. Mais le lieu était fermé, aucune horaire ni jour d'ouverture indiqués. Nous sommes repartis un brin frustrés.
Cette fois, la porte était ouverte et l'occupant des lieux déballait une lampe scandinave d'un carton. Le chèque de noël de papi fredo-mamie mimi que nous avions mis de côté en attendant de tomber sur l'objet qui nous ferait vraiment plaisir a trouvé le cadeau qu'il attendait. Nous sommes ravis de l'avoir "rencontré" chez Célestin qui choisit et/ou conçoit avec un soin immense chacun des objets qu'il accueille au 101.

"Conçoit" d'abord, car cet autodidacte, fâché avec l'école et qui a suivi une formation de coiffeur alors qu'il se rêvait peintre, est d'abord graphiste. Une voie choisie vers 25 ans lorsque l'occasion s'est présentée de se former à nouveau. Il a rejoint une boîte, "un OVNI entre les arts et la communication", puis un regroupement d'indépendants, avant de monter un collectif, de devenir papa et de "revenir à la maison" quelques années et enfin d'ouvrir son lieu. Aujourd'hui il met son talent de graphiste au service d'institutions, de restaurants ou encore de l'ébéniste voisin… Il leur trouve un logo, une identité visuelle, qu'il décline et fait évoluer. Un boulot passionnant dont on peut voir quelques réalisations sur son site. Il travaille aussi pour l'édition jeunesse, en tant que graphiste ou directeur artistique. Les carnets de recettes édités aux éditions Thierry Magnier sont particulièrement irrésistibles.
Mais à côté, il poursuit un travail plus personnel qu'il avait envie d'exposer. D'où la décision d'ouvrir ce joli lieu, dans le quartier des Chartrons, où il vient réveiller une rue traditionnellement occupée par des antiquaires. Il n'est d'ailleurs pas le seul à bousculer joliment le coin, nous en reparlerons plus tard. Revenons à nos moutons : les œuvres graphiques de Célestin  naissent de "l'envie de partager des ondes positives, que ça rayonne et que ce rayonnement perdure". La raison pour laquelle une œuvre fera du bien, reste empreinte de mystère : " Il doit y avoir des règles à chercher peut être dans les mathématiques ou la physique quantique, des forces puissantes qu'on ne comprend pas mais nous nourrissent. J'ai envie de jouer un rôle là-dedans, d'y participer. Mon travail passe par la sincérité, l'humilité, la simplicité. On est dans l'art et l'artisanat, dans le partage et la volonté de bien faire les choses." Sa démarche est la même lorsqu'il réfléchit à la présentation d'une série de photos en noir & blanc dont il est l'auteur et exposées au fond de la boutique : "Je me concentre sur les petites choses qui  m'émeuvent. Je réfléchis aux formats, à l'encadrement, à la texture du papier… à ce qui va permettre d'entrer dans l'intime. Une photo se doit d'être présentée et cette présentation doit traduire une intention."
Sa démarche est la même lorsqu'il choisit des objets, imaginés et façonnés par les autres, pour habiter son lieu.
Que ces objets viennent d'une autre époque, comme cette chaise de Charlotte Perrian ("j'ai l'impression d'avoir un Picasso") ou ce meuble Pierre Gariche. Il n'est pas triste d'imaginer qu'ils partiront un jour et se réjouit même de cette chaîne, qui fait que les belles choses racontent une histoire et permettent une rencontre lorsqu'elles passent d'une personne à une autre.
Même intention pour des objets imaginés et fabriqués plus récemment. Trois jolis exemples : la papeterie de Papier Tigre dont il aime le design et la maîtrise du travail… et "made in France", un détail qui n'en est pas un. Il propose aussi les œuvres de deux jeunes femmes, Pauline & Louise, "animées par un amour du papier et du graphisme" qui ont racheté de vieilles machines à imprimer et inventent et réalisent de délicates cartes alliant modernité et classicisme (Riverside Presse). Et aussi les toutes aussi délicates céramiques de Polypode, un atelier situé quelques mètres plus loin.
D'autres objets viennent de très loin. D'étonnantes poupées, les Kodachi, fabriquées à la main, au Japon, par un artisan, ont trouvé place sur le Gariche. Il admire le travail du bois, la calligraphie… Il nous fait même voir un petit film qui montre la précision des gestes de celui qui les fait naître : "il y a un respect du temps, une humilité…" admire t-il. La présence, dans ce coin de Bordeaux, de ces poupées porte-bonheur, faites pour prévenir les tremblements de terre, apparait comme une évidence, ici, dans ce lieu qui est à la fois une boutique, un atelier, une galerie… "Un terrain de jeu, en fait, qui laisse place à toutes les possibilités" car son propriétaire ne veut surtout rien figer.
Bientôt il offrira une place aux peintures de son pote Alfred, dessinateur de BD : " une série de couples qui s'embrassent". Et hop, encore une évidence, non?




Le "101"/"Laboratoire d'images et fabrique de mots"
101 rue Notre-Dame, Bordeaux.



*le site de Célestin (pour voir le 101, son travail de graphiste, de photographe …) :


 





*Les carnets de recettes bonnes à croquer :

*Polypode, 26 rue Notre-Dame :

*Alfred :

*Riverside Presse :
(et elles ont une boutique en ligne!)

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