et pourquoi pas demain

12.9.14

dans le sac à dos…










Nous avions mis six romans dans nos sacs à dos pour nos cinq semaines et demi de périple au kirghizstan. Romans choisis par yann car chaque été c'est la même chose, je ne prends pas le temps de m'en occuper en juin-juillet…Je suis donc obligée de faire une confiance aveugle à mon mari mais généralement, nous avons les mêmes goûts.


    J'ai commencé avec La mandoline du capitaine Corelli, de Louis de Bernières qui contrairement à ce que son nom suggère est anglais. L'homme a grandi au Proche-Orient, a été enseignant et cow-boy en Colombie. Il situe l'action de son roman sur une île grecque pendant la Seconde Guerre Mondiale. Les troupes italiennes viennent occuper le pays, suivis par les Allemands. La jeune et jolie Pélagia vit à Céphalonie, avec son père, un médecin humaniste, tendre et fantasque. Elle est amoureuse de Mandras, un jeune  berger. Carlo Piero Guercio, un jeune italien, vit avec le secret de son homosexualité. Il s'engage dans l'armée italienne où il va tomber éperdument amoureux de Fransisco. Le capitaine Corelli, qui apparait tardivement dans le roman, va changer la vie de Carlo et de Pélagia. Un roman difficile à résumer et inutile d'en dire plus pour garder le plaisir de la découverte. Je suis stupéfaite que Louis de Bernières ne soit pas plus célèbre. Son écriture est remarquable. Il raconte la guerre et les horreurs du combat avec autant de talent qu'il parle d'amour. Je crois n'avoir jamais lu de scène de premier baiser aussi jolie et émouvante que celle qu'il nous offre. C'est un roman dur, émouvant, et parfois drôle. La fin est assez étonnante, pas crédible pour un sou. Mais j'ai adoré l'idée qu'après un roman historique d'un grand réalisme, l'auteur choisisse une voie totalement romanesque sur les dernières pages. Mon gros coup de cœur de l'été et le seul que j'ai oublié de prendre en photo…!

A marche forcée raconte l'histoire vraie d'un jeune officier polonais fait prisonnier par les Soviétiques en 1940 et qui s'est échappé de l'enfer du goulag de Sibérie où il avait été condamné à passer 25 ans. Une évasion extraordinaire organisée et menée avec quelques compagnons. Un témoignage intéressant mais une écriture sans relief. Un livre qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.

Comment tuer un homme, de Carlo Gébler, a été conseillé à Yann par le libraire de Terminus Polar qui en parle comme de l'un des grands romans de sa vie. 1854, en Irlande. Thomas French, administrateur, est embauché par une Anglaise propriétaire terrienne pour gérer ses terres. Plutôt que de mettre à la porte les fermiers qui ne paient pas leur loyer, French leur propose d'effacer leurs dettes et de leur offrir des billets pour l'Amérique et donc une seconde chance. Les fermiers gardent l'argent de la vente de leur bétail et peuvent emporter leurs biens. Une proposition que French juge humaniste et généreuse mais pour certains, son offre est inacceptable car elle ne tient pas compte du "droit du tenancier". Cette tradition d'Irlande du Nord veut qu'un paysan quittant sa ferme touche une forte somme pour toutes les améliorations qu'il a pu apporter à cette dernière. Le ribbon, un groupe d'hommes qui défend le droit des fermiers s'oppose violemment à la manière d'agir du nouvel administrateur. Ce groupuscule (qui fait fortement penser au Ku Klux Kan) qui fonctionne dans le secret et l'anonymat est en réalité un ramassis de types violents et cruels qui n'hésitent pas à utiliser le meurtre et la torture pour faire appliquer leur propre loi. Thomas French est leur prochaine cible. Se mêle l'histoire d'amour entre les jeunes Tim et Kitty. Les parents de Kitty refusent qu'elle fréquente Tim. Par dépit, le garçon rejoint le ribbon et leur prête un serment de fidélité…
Un très beau roman, dont l'écriture n'est pas extraordinaire mais toute en simplicité et reposant pour une large part sur les dialogues. Le propos est passionnant, l'histoire poignante. Mais j'ai été gênée par le fait que le lecteur est fatalement amené à prendre parti pour Thomas French, personnage sympathique, bienveillant, sensible…Ceux qui s'opposent à ses idées et à sa manière de faire sont de monstrueux meurtriers et cela décrédibilise le discours et les arguments de leur leader. Pourtant, le fait que French balaie ce droit du tenancier peut effectivement poser problème.
Carlo Gébler est le fils d'Edna O'Brien, auteur irlandaise féministe et à la vie incroyable dont j'ai très envie de lire les mémoires, Fille de campagne, un livre paru l'an dernier.

Un long moment de silence, de Paul Colize est un bon polar où il est encore question de services secrets, de secrets d'état, d'hommes qui œuvrent dans l'ombre. Le tout en rapport avec la Shoah et les horreurs nazies. J'avais préféré Back Up, roman grâce auquel j'ai découvert cet auteur belge.

Honte à moi, je n'avais jamais lu La promesse de l'aube, de Romain Gary. Et pour être honnête, même si certains passages sont superbes et que cette histoire d'amour maternel est complètement folle et bouleversante, je n'ai pas été enthousiasmée…

Comme nombre de lecteurs de ma génération, John Irving a marqué mon adolescence et mes années de jeune adulte : Le monde selon Garp, L'œuvre de Dieu, la part du Diable, L'hôtel New Hampshire, Une prière pour Owen, L'épopée du buveur d'eau… Je les ai dévorés. Puis, certains romans vraiment décevants m'ont fâché avec Irving pendant des années. Mais Dernière nuit à Twisted River, acheté il y a deux ans à l'aéroport, m'a réconciliée avec mon auteur de jeunesse! Je l'ai dévoré, adoré, conseillé… et je le recommande chaleureusement aujourd'hui, ayant omis de le faire ici à l'époque. Je me suis donc plongée avec enthousiasme dans son dernier roman, A moi seul bien des personnages. Il m'a moins emballée que Twisted River et la première partie est un peu longuette, mais Irving a ce talent fou pour créer des personnages auxquels il est impossible de ne pas s'attacher, pour leur faire vivre des situations incroyables, nous faire rire aussi. Il est ici question de l'identité sexuelle (bisexualité, homosexualité, transexualité…), de liberté, de tolérance. La plongée dans les premières années du Sida aux États-Unis est terrible et bouleversante. Un vraiment beau roman. Et Irving est décidément un grand écrivain.


1 commentaire:

  1. Nous ne sommes pas de la même génération mais John Irving a aussi fortement marqué ma jeunesse !
    J'ai profondément été touchée par Le monde selon Garp et une prière pour Owen. J'ai pratiquement tout lu, jusqu'à ce que moi aussi, je sois déçue. Du coup, j'ai mis de côté John et n'ai pas tenté de lire Dernière nuit à Twisted River. Le livre dort dans la bibliothèque. Tu m'as donné envie de le réveiller, je te fais confiance :)

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