Avec des enfants, ne pas rater l'exposition sur le Titanic à la Cité de la Mer. Nous l'avons un peu faite au pas de course, ce qui était assez frustrant, car l'expo est d'une grande qualité.
Elle démarre par l'imposante et sublime salle des bagages au style Arts Déco, consacrée aux migrants. Cette première partie tente de rendre plus palpable et moins abstraite aux yeux des enfants l'idée qu'en 80 ans, plus de 50 millions de personnes ont quitté l'Europe pour les États-Unis, le Canada ou encore l'Amérique du Sud. En s'appuyant, par exemple, sur un très beau film -diffusé sur trois écrans en même temps- de 12 mn réalisé avec des images d'archives venues de treize musées dans le monde. Des visages d'enfants, de familles, dans leur ville d'arrivée, pendant la traversée, ou à leur arrivée. Des gens qui fuient la misère, la guerre, pour le rêve américain. Ce film leur donne un visage pour qu'ils ne soient pas que des chiffres.
Un "mur dynamique" génial dispositif interactif permet de découvrir le contenu des bagages des migrants. Les objets présentés ont existé et le nom et l'origine de leur propriétaire sont indiqués. Une salle au contenu extrêmement riche et mis en valeur de manière ludique avec des supports variés et très novateurs.
La visite se poursuit à l'intérieur même du bateau… on a réellement l'impression d'embarquer et on arrive sur le pont où un écran de 24 m de long projette la vue sur la mer que pouvait avoir un passager du Titanic. Le 10 avril, la mer est calme, le 11 le bateau fait escale en Irlande, le 14 c'est la collision. Sur l'écran s'affichent les messages envoyés et reçus par le Capitaine. Le 15 le Titanic a sombré. Bruits, images… le visiteur est transformé en acteur du drame. Après cette projection d'introduction, la visite commence vraiment. On trouve, entre autres, la reconstitution minutieuse d'un salon en première classe… les lumières changent quand le drame se joue. Sur un mur, les photos d'un jésuite qui a débarqué en Irlande et a donc échappé au naufrage. Photos que le directeur a réussi à faire venir d'Irlande. On est subjugué par un sublime théâtre optique. On découvre la deuxième classe, puis la 3ème. On apprend par exemple que les conditions de voyages pour les plus pauvres constituaient une révolution par rapports aux autres bateau : c'est sur le Titanic que les sœurs Murphy, installées en 3e classe, ont mangé de la soupe pour la première fois de leur vie. Elles dorment dans des cabines pour six et non pas dans ses dortoirs, absents du Titanic. On vit également le naufrage par le biais des télégraphistes.
La dernière salle dresse un bilan de la catastrophe, et répond à plusieurs questions : pourquoi cette catastrophe a t-elle fait la Une des journaux du monde entier? Comment le Carpathia a t-il sauvé des passagers? Quelle est la succession d'erreurs qui ont conduit à ce drame? etc…
Une exposition remarquable qui permet aux visiteurs d'appréhender, de comprendre et de ressentir cette "aventure" grâce à une scénographie exceptionnelle (signée d'une jeune femme, Clémence Farrell) et à un énorme travail de recherches de documents, images, photos, films… L' expo replace cette catastrophe dans un contexte historique et donne un visage aux victimes. Son grand mérite est de parler autant à l'intelligence qu'à la sensibilité.
{La Cité de la mer, établie dans l'ancienne gare maritime de Cherbourg, sublime bâtiment, offre aussi une collection de sous-marins, un pôle océan avec des aquariums, l'aventure virtuelle "on a marché sous la mer", une visite de 35 mn du sous-marin Le Redoutable avec bruitages, vibrations… Des tas de choses que je n'ai pu voir faute de temps. Compter une bonne journée pour faire le tour.}
Toutes les infos pratiques ici : www.lacitedelamer.com
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