"L'entrée de la résidence d'été donnait directement sur le séjour par une porte moustiquaire à côté du porche. La pièce était vaste et occupait presque toute la surface du rez-de-chaussée de la maison que l'homme assassiné réservait aux invités qu'il n'avait jamais."
J'avais adoré découvrir l'Écosse avec "la trilogie de Lewis" de Peter May (le premier tome, L'île des chasseurs d'oiseaux a été un vrai choc). L'île du serment, son dernier roman, m'a bien déçue.
Un homme (riche) est assassiné dans sa luxueuse maison d'une île canadienne. Sa femme, Kirsty, est la première suspecte. Sime, un flic insomniaque et dépressif depuis l'échec de son mariage, mène l'enquête. D'emblée, le visage de Kirsty lui est familier et il est convaincu de son innocence. Cette rencontre le ramène aux histoire de ses ancêtres et en particulier au journal intime de son aïeul, chassé en 1850 de l'ile de Lewis et réfugié au Canada.
Le récit est construit sur un va et vient passé-présent. Le procédé a fait ses preuves, notamment dans la trilogie de Lewis mais il est dommage que Peter May ne se renouvèle pas. Quatre romans de suite avec les mêmes ficelles, ça fait beaucoup…
L'intrigue policière ne fonctionne pas. Elle est tirée par les cheveux, pas crédible et inintéressante. Le personnage de Kirsty n'a aucune profondeur. Celui de Sime l'est davantage mais cela ne va pas bien loin et on est proche de l'archétype (le flic solitaire, dépressif, insomniaque et incompris…). L'aspect le plus intéressant du roman est de loin la vie des fermiers écossais au 19e siècle, exploités jusqu'à la mort par les propriétaires terriens. Leur vie quotidienne dans les blackhouses est décrite avec beaucoup de précision et de réalisme et là, le lecteur est accroché. On apprend que ces fermiers, incapables de payer leur loyer à cause de mauvaises récoltes, ont été chassés de leurs terres et envoyés au Canada. Leur traversée de l'Atlantique dans des conditions épouvantables, leur arrivée sur la terre canadienne, la distribution de parcelles donnent lieu à des pages remarquables.
Si l'association Histoire/polar fonctionnait admirablement bien dans la trilogie de Lewis, dans cette île du Serment, l'aspect policier est bâclé et artificiel. Dommage que Peter May n'ait pas osé le roman historique car il tenait là un très beau sujet dont il parle avec beaucoup de force et de talent.
L'île du serment, de Peter May, 2014, Rouergue noir, 23€.
Ah mince, je pensais le lire...Je vais peut-être attendre qu'il sorte en poche. Au moins pour connaitre l'histoire des fermiers écossais.
RépondreSupprimerahhhh ben moi aussi j'suis un peu refroidie du coup... PomPom
RépondreSupprimerje ne connaissais pas cet auteur avant de lire ton billet et samedi je tombe sur lui au salon du livre de poche de gradignan ! du coup j'ai acheté et fait dédicacer le 1er tome de la trilogie écossaise. Il parle très bien le français et a l'air très sympathique !
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